Une nouvelle vie pour la chapelle de Vaucluse
Rénovée dans la tradition par des tailleurs de pierre, une cérémonie compagnonnique se déroulait pour la réception de fin de chantier.
La chapelle de Vaucluse a été rénovée selon les principes des compagnons, tailleurs de pierre. A cette occasion, la fontaine a bénéficié aussi d'une rénovation. La chapelle a subi de gros dégâts suite un accident le 4 janvier dernier, mettant à terre la voûte, déplaçant un pilier.
Ce jeudi 14 novembre une cérémonie de réception de fin de chantier était organisée en présence de M. Millet, maire de Saint-Claude, des élus, de chefs de service de la ville, de l'entreprise «l'Atelier des Tailleurs de pierre», les Amis du Vieux St-Claude et la population du hameau de Vaucluse.
Une cérémonie compagnonnique selon l'usage avec cannes et couleurs, présentée par Hervé Lamoisson, dit «Berry, le respect de la liberté», compagnon charpentier, en charge de la gestion du patrimoine de la ville et par Pierre Vérine, tailleur de pierre du lac des Rouges Truites et son apprentie, Aryna Potova, qui ont travaillé un mois sur le chantier.
Le maire de Saint-Claude, Hervé Lamoisson et Pierre Vérine ont signé la réception de chantier mettant un terme à celui-ci comme le soulignera Hervé Lamoisson, respectueux des règles compagnonniques.
A cette occasion, il présentait son travail au sein de la ville de Saint-Claude où il a en charge de refaire des plans architectes, des mises à jour ou en concevoir comme pour la chapelle qui ne dispose pas d'archives. Hervé Lamoisson est revenu sur les lieux faire des relevés, prendre des mesures pour dresser un plan. Sauf qu'il a dû s'y atteler de nouveau, le frêne qui avait pris de l'envergure a abimé le parvis.
De cette chapelle, nous savons qu'elle a été édifiée en 1692, la chapelle est dédiée à la vierge sous le nom de Notre Dame de Pitié. Elle est située sur un des chemins de St-Jacques de Compostelle, à l'extérieur, le bénitier est marqué de la traditionnelle coquille.
A l'issue des signatures, M. Millet remerciait les compagnons pour la qualité de la restauration de la chapelle. Il citait un autre travail entrepris par Hervé Lamoisson, entré à la ville à l'atelier menuiserie, compagnon, il a refait un beffroi dans la cathédrale pour supporter une ancienne cloche. «L'accident malheureux, heureusement que matériel, aura permis cette belle restauration de la chapelle» relèvera-t-il.
Hervé Lamoisson présenta l'apprentie de Pierre Vérine dit «la tranquillité de Caen», Aryna Potova qui termine un master en géologie et entend bien rentrer chez les compagnons.
Pierre Vérine, compagnon tailleur de pierre du lac des Rouges Truites expliquera le déroulé des travaux «L'idée n'était pas de tout démonter mais de repartir avec ce qu'il restait. La voûte était par terre, il y avait une colonne en moins et l'autre était déplacée en raison du choc. La colonne a été remise puis les deux arcs ont été remontés, ensuite la voûte, le parvis avant de rénover la fontaine. Les pierres changées sont de Septmoncel, de la pierre locale».
Hervé Lamoisson avouait que l'accident l'avait bien ennuyé, la personne a eu beaucoup de chance. En mars de forts coups de vent laissaient à craindre pour la chapelle le temps de pouvoir démarrer les travaux. «Les délais ont été tenus, la colonne la moins accidentée a été retravaillée et posée en tête de fontaine pour un autre cachet et nous avons été bénis par la météo». Il remerciait les élus, les services techniques de la ville. En s'adressant à la population «Elle est à vous».
Cérémonie compagnonnique
Qui commençait par 3 coups de canne
«Ce chantier n'était pas commun, notre chapelle n'est pas classée monument historique. Il a fallu trouver un artisan qualifié pour mener à bien cette mission et surtout ayant une vision commune, celle du respect des règles de l'art des anciens bâtisseurs. Sur les conseils de l'architecte des bâtiments de France, j'ai eu le contact de »Normand« compagnon, qui de mieux» soulignera Hervé Lamoisson.
Aryna est allée alors fleurir le chantier en déposant un bouquet sur la tête de la fontaine qui matérialise le respect du travail.
Hervé Lamoisson citera le compagnon Serge Blanc Potard dit « Franc-Comtois la fermeté » si connu des hauts-jurassiens.
«Le compagnonnage c'est avant tout l'apprentissage d'un métier, le voyage et la vie en communauté. Face à la démesure de l'univers industriel, le compagnonnage attire encore des jeunes à la recherche de la connaissance. La quête d'un idéal, le besoin de se surpasser, le goût de l'effort pour le bien commun font partie de l 'esprit qui anime les gens de la tradition. La liberté d'esprit n'est-elle pas en harmonie parfaite avec l'univers qui invite la conscience humaine à se débarrasser de ses désirs mesquins, à agir sans recherche le gain et à laisser de côté tous nos besoins égoïstes».
Il précisait que le bâtisseur n'est pas seulement l'action de bâtir. C'est aussi l'alchimie entre la matière et l'esprit. La remise en cause du bâtisseur est continuelle.
Pour les bâtisseurs initiés, ces monuments ne sont pas que des édifices religieux ou des exemples d'un art architectural, ils sont les détenteurs d'une symbolique plusieurs fois millénaires. Ils témoignent de la connaissance des anciens qu'elles soient mathématiques, géométriques et astronomiques. Ce qui plus tard sera connu sous le nom de Trivium et Quadrivium, enseignement de base des écoles des cathédrales comme celle de Chartres la plus connue.
«Encore aujourd'hui, les compagnons enseignent aux jeunes cet héritage, devenu le socle de nos règles compagnonniques, elles portent un nom : le devoir».
Viendront, 1 coup de canne, suivi de3 autres et cette phrase ;
«La Coterie, Normand la tranquillité de Caen, chantier rompu».
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